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LA FIEVRE DES PROCEDURES JUDICIAIRES 

Ce n’est plus un secret pour personne que la belle Haïti voit s’écouler le temps de scandales à scandales. On en oublie un par l’arrivée d’un autre. Souvent ils ne laissent  aucune trace. Ou les traces ne sont pas perceptibles.

On est  passé de l’évasion de 329 prisonniers à la capture de Clifford Brandt puis à une mobilisation pour empêcher l’exécution d’un mandat d’amener émis par un jeune juge contre Jean Bertrand Aristide.

En effet depuis quelques temps, le gouvernement avait entamé moyennant la remise sur selle de certaines institutions jusque là obsolètes ou silencieuses, une lutte contre la corruption.

Une commission d’enquête administrative a vite fait d’accuser l’administration de Jean Bertrand Aristide de corruption et de malversation de fonds. Et les journaux ont commencé à évoquer une interdiction de quitter le territoire émise par un juge.

L’information prit forme et l’ancien président aurait été informé d’un mandat pour comparution pour être écouté. Comme il était prévu l’ancien homme fort de Tabarre ne s’est pas présenté. Le mandat de comparution aurait été modifié pour un mandat d’amener le pays s’est détenu autour de l’éventualité d’une arrestation de Jean Bertrand Aristide.

Heureusement il ne s’est rien passé en dehors des manifestants se positionnant contre cette arrestation qui selon eux rentre dans le cadre d’une persécution politique.

A ce stade il est de bon ton de constater que le pays est rentré dans une phase de procédures judiciaires controversées contre deux anciens chefs d’Etat.

Jean-Claude Duvalier lui aussi avait été convoqué pour répondre à des accusations de crimes perpétrés lors de son régime dictatorial.

On a du mal à croire que derrière cette procédure montée aussi rapidement pour accuser l’ancien prêtre-président, il n’y ait que le souci d’une lutte contre les mauvaises pratiques gouvernementales ; comme aussi j’ai du mal à évoquer la persécution politique dans la mesure ou on le sait déjà, ces procédures n’aboutissent jamais à rien.

Ces procédures n’aboutissent jamais à cause de la faiblesse de nos institutions, l’état de dénuement  la situation de notre appareil judiciaire, des juges qui sont incapables d’exercer leur profession sans pression venant du gouvernement et pis encore en supportant la pression populaire pouvant se manifester en menaces et en actes de violence calculée.

Il convient de noter cependant deux aspects importants que vient soulever cette fièvre de procédures judiciaires.

Nul n’est au-dessus de la loi. C’est un principe républicain qui s’applique à tout membre de a société et partout dans le monde. Les citoyens dont certaines fonctions exigent le paravent d’une immunité, peuvent à un moment déterminé se voir dépouiller de celle-ci pour répondre devant la justice.  Le principe même de l’immunité n’est pas un coffre ou fleurit l’impunité.

Dans le cas de l’ex-prêtre-président, il est évident malgré l’attitude de ceux qui ne le comprennent pas, il est un citoyen lambda qui doit jouir des mêmes prérogatives que d’autres citoyens lambda. Son leadership que des  inconditionnels brandissent encore, - ou du moins ce qui en reste -  ne lui accorde surtout pas de passe droit.

Cependant Haïti a besoin d’une jurisprudence en la matière.

Un pays réputé corrompu ne pourra pas vaincre cette plaie en excluant les nationaux dans al manipulation des fonds de l’état ni en mettant comme balises une super surveillance étrangère.

Le peu glorieux étendard de la corruption a été brandi pour écarter comme des parias les responsables haïtiens des prises de décisions et de la gestion des fonds disponibles dans les suites du tremblement de terre du 12 janvier 2010.

La traduction d’ex chefs d’état pourrait constituer le premier grand signe envoyé à ceux qui reçoivent le sésame pour diriger les affaires du pays en sachant que du palais national ses pas pourraient se prolonger vers le palais de justice ou carrément la prison.

Dans la mesure où, Jean-Bertrand Aristide n’aurait rien à se reprocher, il devrait être en mesure de se sacrifier en se prêtant à ce genre d’exercice et surtout en se prémunissant de sa cohorte d’avocats puisqu’il a de quoi se les payer.

Il faut être capable d’endurer des sacrifices qui pourraient servir à l’expier des péchés commis et à la rendre plus potable dans l’avenir.

Le chef de la Police Nationale d’Haïti a été récemment convoqué au parquet de Port-au-Prince ou le juge en charge du dossier brulant d’Aristide lui a fait comprendre que la Police, comme auxiliaire de la justice n’obtempérait pas en hésitant à procéder à l’arrestation de l’ex président.

Celui-ci a promis de faire dans le plus bref délai, le nécessaire pour ramener le chef de Tabare au tribunal.

Des rumeurs qui circulent  font croire que demain mardi 9 septembre serait le jour que les forces de l’ordre utiliseront pour appréhender l’ancien chef d’état.

Le pays va être assez chaud, avec des foyers de résistants et leurs barricades de pneus enflammés.

Ce bras de fer n’apportera que des ennuis au pays ; mais il est évident qu’un jour on devra trouver le moyen de faire comprendre que la présidence n’est pas une licence pour voler et s’enrichir.

Donc que Jean Bertrand Aristide se donne en exemple et qu’il accepte de se sacrifier pour le renforcement de notre système judiciaire et pour freiner la machine infernale de la corruption !

 

Dr Jonas Jolivert

08/09/2014

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