QUAND JEAN BERTRAND ARISTIDE JOUE LES PETITS BRAS
Depuis son retour au pays après son exile en Afrique du Sud, l’ancien deux fois président et deux fois déchouqué président d'Haïti s'est caractérisé par son mutisme contrastant avec ses discours d’avant dans une langue très imagée, contenant des messages truffés de codes. Ce contraste a entretenu une aura quelque peu mystérieuse forçant à des interprétations fantaisistes avec force de conviction.
Il est difficile d'admettre que l'ancien président prenne un tel recul par rapport à la politique juste au moment où le pays se débat englué dans une crise provoquée et entretenue d'une part par l'incompétence de l'équipe au pouvoir et d'autre part par la faiblesse structurelle des institutions de l'opposition.
Jusqu'à présent il demeure le personnage le plus populaire du pays. Un message de sa part pourrait avoir la vertu d'embraser les masses.
Je me demande toujours qu'est ce qui empêche qu'une foule en délire ne descende à Tabarre, le récupère de sa maison et le porte en triomphe jusqu'au palais national.
Les explications les plus plausibles font croire que, sur la base d'une implication dans le trafic de drogues, la communauté internationale aurait gentiment conseillé au baron de Tabarre de faire profil bas.
En effet ses interventions sont très minutées et prévisibles. Il a choisi comme attendu, la candidate aux prochaines élections présidentielles pour son parti politique aujourd'hui divisé, en la personne de Maryse Narcisse.
Le 30 septembre dernier, lors de la célébration d'un anniversaire du coup d'état de 1991, il était impossible de ne pas parler et se prononcer sur l’actualité du pays dominée le premier tour raté des élections législatives du mois d’août, et le premier tour des élections présidentielles de fin de mois.
Tout le monde attendait ses mots incisifs sur la division de son camp. Une division qui va probablement provoquer l’écartement de lavalas de la présidence du pays.
Devant une foule estimée à plusieurs centaines, le baron de Tabarre, a joué petit bras et a suivi le courant qui ne souffle ni chaud ni froid.
Il a rejoint ce groupe de personnalités politiques qui manifestent pour exiger l’annulation du premier tour des élections législatives étiquetées de mascarade électorale tout en exigeant des changements au niveau du conseil électoral.
Après avoir montré qu’en langue swaili dont il arbore un doctorat, qu’Haïti voudrait dire résistance ou quelque chose de ce genre, il a appelé d’une main à continuer la mobilisation pour l’annulation des élections et de l’autre main il a appelé à voter Maryse Narcisse.
Voici donc le chef historique du parti lavalas qui n’appelle pas à l’unité, qui ne fustige pas Moïse Jean Charles, découpeur de son parti voué à un échec cuisant.
Voici le chef suprême du parti, le personnage le plus populaire se croisant les bras en attendant le verdict des membres de la communauté internationale sur le devenir de ces élections.
Aucun message avec un ton radical à un moment ou tout le monde vit dans l’expectative du bon vouloir de l’étranger, un vrai leader avec le charisme d’un Jean Bertrand Aristide aurait se placer comme le dernier et unique rempart de la dignité nationale et s’opposer aux plans de ceux-là qui pensent en lieu et place des haïtiens.
Il est légitime que Jean Bertrand Aristide avait négocié son retour au pays pour mettre fin à son état d’exilé, contre une mansuétude pathologique.
Pour revenir en Haïti, il a laissé aux décideurs de la communauté internationale, ses dents, ses griffes et ses crocs.
Maintenant il nous gratifie de discours de circonstances sans substances, sans mordants, à l’instar d’un « towo san grenn » !
Auteur : Dr Jonas JOLIVERT