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UN 22 AOUT DANS L’HISTOIRE D’HAITI...UN JOUR COMME AUJOURD'HUI

UN 22 AOUT DANS L’HISTOIRE D’HAITI...UN JOUR COMME AUJOURD'HUI

Un jour comme aujourd’hui, dans la nuit du 22 au 23 comme voulant marquer l’anniversaire du début de la révolte des noirs de Saint Domingue est né Monsieur le Professeur Herbert Joseph, un vrai ami parmi les vrais, un compatriote parmi les vrais compatriotes, un frère! Un Haïtien qui se bonifie chaque année comme le bon vin! Longue vie à toi , cher ami! 1791: Révolte des esclaves de Saint-Domingue: Dans la nuit du 22 au 23 août 1791, les esclaves de la colonie française de Saint-Domingue, se soulèvent contre leurs maîtres. La révolte est menée par Boukman, un prêtre vaudou, qui une semaine auparavant avait préparé les esprits et conclu un pacte de sang durant une cérémonie vodou (nuit du 14 août 1791). Cette révolte marque le début d’une longue période de prise de conscience, d’émancipation et qui devait aboutir à l’indépendance d’Haïti le 1er janvier 1804. En 1998, L’UNESCO fit du 23 août “la Journée internationale du souvenir de la traite négrière
1797: Le commissaire Sonthonax est expulsé de Saint Domingue par Toussaint Louverture: À l’origine de la proclamation libérant les esclaves dans la province du Nord de Saint-Domingue, et de la nomination de Toussaint Louverture au grade de général en chef, Sonthonax s’est vu forcer de quitter la colonie. Dans le récit qu’il a envoyé au Directoire, Toussaint l’accuse de vouloir déclarer l’indépendance et de prôner le massacre de la population blanche.
1798: Les anglais évacuent Jérémie: Invités en 1793 par les colons français qui préférèrent se rallier sous le drapeau britannique plutôt que d’accepter les mulâtres comme des des citoyens à part entière, les Anglais s’étaient installés confortablement dans la ville jusqu’au moment où André Rigaud et ses troupes bloquèrent la ville au nom de la France. Refusant de traiter avec un ennemi juré de la couronne , ils abandonnèrent la ville et se rendirent au Môle Saint Nicolas. 1889: Le président François Denis Légitime part pour l’exil: Protagoniste de la guerre civile opposant le gouvernement siégeant à la Capitale au gouvernement septentrional siégeant au Cap, Légitime qui avait été abandonné par nombre de ses généraux prit le chemin de l’exil à bord du croiseur français leKerguelen. Son gouvernement n’a duré que huit mois (16 Décembre 1888). 2007: Sous un fond de rappels historiques, la sélection Haïtienne des moins de 17 ans engagés dans la Coupe du Monde de Corée affronte la sélection Française dans un match qui termine sur un score de parité d’un but partout. 2007: Le Sénat haïtien, engagé subitement dans un bras de fer avec l’Exécutif face à la "rébellion" de Claudy Gassant, adopte le principe d’une interpellation conditionnelle du gouvernement du Premier ministre Jacques-Edouard Alexis qui deviendra effective en cas de maintien à son poste du chef du parquet de Port-au-Prince. Conformément à la procédure en vigueur, la demande d’interpellation a été introduite par cinq Sénateurs, Gabriel Fortuné, Youri Latortue, Rudolph Boulos, Ricard Pierre et Rodolphe Joazile. Me Gassant a provoqué le courroux des Sénateurs après avoir ignoré royalement une invitation à accompagner le ministre de la justice, Me René Magloire, à une séance d’information sur le fonctionnement du système pénitentiaire et le rôle du parquet de Port-au-Prince dans l’appareil judiciaire. 2008: Le tribunal de première instance de Santo Domingo condamne à trente ans de prison à deux citoyens haïtiens déclarés coupables d’avoir kidnappé et assassiné Monsieur Antonio Oscar Luna Elias, âgé de 56 ans, ingénieur de profession. Les condamnés sont Alejandro Prensa Seon (souvent les noms français sont orthographiés se basant sur la phonétique !), employé de l’ingénieur et Papo Ramon Tatiste Jean connu déjà des services criminels de Saint Domingue. Les deux accusés avaient dépossédé l’ingénieur de deux téléphones portables, une camionnette et 11.000 pesos (moins de 300.00 euros). 2010: L’artiste de renommée internationale Wyclef Jean dont la candidature pour les élections présidentielles a été rejetée par les instances compétentes, déclare à la presse canadienne ne pas vouloir renoncer à son idée de diriger le pays. Il promet de faire appel, mais sa candidature ne sera pas validée. 2011: Le commissariat de police de Desdunes incendié.- Dans cette commune de l’Artibonite, des unités spécialisées de la PNH ont dû être déployées pour mettre fin au déchaînement de violences provoqué par une arrestation ayant mal tourné qui a fait un blessé par balle. Outre le commissariat de Police, les manifestants ont également incendié la maison de la mère du policier incriminé. Auteur: Dr Jonas Jolivert

REHABILITATION DE JEAN JACQUES DESSALINES

REHABILITATION DE JEAN JACQUES DESSALINES

« Vérités historiques » et choix idéologiques Écrit par : Garaudy Laguerre, 12/08/23 Introduction : La pièce de théâtre « Galilée » du dramaturge allemand Bertolt Brecht revient sur la triste période où les représentants de l’Église catholique romaine ont forcé l’astronome Galilée Galilei à renier sa découverte qu’en effet, c’est la terre qui tourne autour du soleil et non l’inverse. La découverte de Galilée menaçait les fondations de la société et de l’économie féodales, qui étaient basées notamment sur la production agricole (le travail de la terre) et le servage. Les découvertes scientifiques ne pouvaient qu’être profitables à une bourgeoisie montante avec le commerce et l’exploration au cœur de son développement, ce qui, du coup, constituait une menace pour le système féodal. La persécution de Galilée qui s’est ensuivie par l’establishment de l’époque n’avait pas d’abord à voir avec les croyances religieuses des masses. Elle cachait plutôt les intérêts des tenants et bénéficiaires d’une société féodale exploitante, où les masses étaient portées à croire que leur misère, leur rang social et leurs souffrances étaient prédestinés et résultaient d’un ordre divin. Il fallait alors censurer toute voix discordante, détruire et discréditer le messager, bannir ce qui est vrai, la science. Bref, abattre la vérité ! La profanation continue de la mémoire de Jean Jacques Dessalines, plus de 200 ans après son assassinat, n’a rien à voir avec la restitution de vérités historiques. Cette persécution cache les intérêts qu’auraient des membres des élites et une partie de la communauté internationale à déconstruire Ayiti. Mais, pour ce faire, il faut minimiser la grandeur de l’homme qui a libéré notre planète de l’esclavage ; celui qui a ouvert une ère nouvelle pour l’humanité et la nation qu’il a créée : Ayiti. Dans la pièce « Galilée », il ne fallait pas seulement que l’église et les élites surveillent et emprisonnent Galilée pour que la vérité ne soit pas connue des masses populaires, il leur fallait surtout une armée d’apôtres de la « bonne Nouvelle », pour renforcer l’ignorance des masses sur les constellations et les conforter dans la résignation à leur sort de misère, comme conséquence de l’ordre divin auquel ils étaient astreints, eux et leurs descendants. Par contre, en Haïti, malgré les efforts des frères de l’instruction chrétienne, l’histoire du pays est bien connue des masses. Leurs héros ne peuvent être mis en prison. Même morts, ils sont encore vivants dans les esprits, leur religion les ayant libérés. Alors, pour mener le travail de sabotage, c’est l’histoire même qu’il faut déconstruire. Ce sont les héros qu’il faut vilipender, abattre et effacer, post mortem. Et comme dans cette pièce de théâtre, il leur faut une petite armée, un petit groupe d’intellectuels formant une petite société d’admiration mutuelle, au service de l’occident : se donnant parfois des titres d’historiens ou de romanciers, ils disent, se contredisent et écrivent ce qu’ils veulent. Ce sont des experts en tout et en rien. Ils se citent mutuellement dans leurs écrits pour se crédibiliser. Leur père spirituel est Thomas Madiou, un blanc de service né en Haïti en 1814, parti étudier en France à 10 ans et revenu au pays dans les années 1830. Il produit un travail colossal, partageant ses interprétions, biaisées bien sûr, de l’histoire d’Haïti. Ils ne citeront jamais Boisrond Tonnerre, premier historien haïtien et témoin oculaire, ni Baron de Vastey ni même Louis-Joseph Janvier. Exceptionnellement, ils peuvent faire référence aux écrits et discours de Dessalines lui-même, mais ils préfèrent mettre en avant les interprétations de leur confrérie. Quand ils citent Rolf Trouillot ou Jean Casimir, ils ne font pas référence au fond de leur travail dans « Ti dife boule sou istwa Ayiti » , « Les racines historiques de l’État duvaliérien » ou « Une histoire de la décolonisation », mais à des passages, sans donner de contexte. Quant au Pasteur Jacques Casimir, qui a produit de nombreuses recherches et analyses, connues mais non publiées sur l’histoire d’Haïti, sur Dessalines et les origines des familles mulâtres et arabes en Haïti ; ils peinent à ne pas pouvoir carrément le censurer, à défaut de l’ignorer. Bayina Belo et Bilolo Congo sont royalement ignorés comme s’ils n’avaient pas de véritable crédibilité ou n’existaient pas. Quand ils les citent, c’est en parasitant les propos et analyses de ces chercheurs, pour y placer leur propre contenu. Le comble de leur incurie est qu’ils ont tous le même narratif qu’ils présentent sans se gêner, avec le seul mobile de défaire l’histoire d’Haïti aux bénéfices des élites économiques et de leurs patrons étrangers, particulièrement la France. Malheur aux contrevenants, qui seront accusés de fascisme, de duvaliérisme, de noirisme, de racisme, de haine et pire encore. Ils sont peu nombreux, mais bruyants. Auprès de leurs alliés occidentaux, ils se convertissent en délateurs. Ils se croient invincibles et tout permis. Tellement fidèles à leurs maîtres étrangers qu’ils font frémir les esclaves de maison. Mais aujourd'hui, prenons le temps de quelques pages, pour leur dire : La terre tourne et Dessalines est immortel ! Comment effacer la mémoire d’un peuple : Cheikh Anta Diop, nous apprend qu’une des premières étapes à « l’effacement d’un peuple est de lui faire renier son histoire, de lui faire croire qu’il n’a jamais rien accompli, qu’il est incapable, et que sa culture n’est que folklore, sa religion de la sorcellerie, sa langue un dialecte. » Cette stratégie de domination coloniale a été mise en application en Haïti, dès le lendemain de l’assassinat de l’Empereur en octobre 1806. Une nouvelle constitution ainsi qu’une loi agraire ont été publiées dans les trois mois qui suivirent, le drapeau a été remplacé, les anciens tenants du pouvoir de l’État ont été emprisonnés et exécutés : Haïti venait de connaitre son premier coup d’état. En 1806, un autre pays, un autre État avait pris naissance. Un État qui différait de celui qui avait vu le jour le 1er janvier 1804, de celui qui était devenu, en septembre 1805, un pays, un empire, avec une constitution. Pour achever le processus d’effacement tel que théorisé par Diop, le pouvoir politique, issu du coup d’État d’octobre1806, va adopter une religion officielle, différente de celle des masses et qui avait cautionné l’esclavage. Plus tard, il adoptera une langue officielle qui n’était pas la leur non plus, distribuera des terres aux putschistes et nouveaux nantis et finalement, confiera l’éducation, pour ceux qui y avaient accès, aux anciens colonisateurs. La réalité est qu’une alliance s’était formée entre les anciens esclavagistes et les putschistes, au détriment du pays et du peuple. Cette alliance entre le pouvoir et les esclavagistes s’est solidifiée par deux actes supplémentaires : 1) Pendant plus de quarante ans, l’interdiction, sous peine d’emprisonnement, de prononcer le nom de Dessalines, celui qui avait libéré l’humanité de l’esclavage et créé la nation haïtienne ; 2) Un accord inique, acceptant le paiement d’un dédommagement aux esclavagistes, à titre de réparation et pardon, pour les avoir battus et chassés. Voilà comment on tente de tuer un peuple et d’effacer son histoire. Ah, j’ai failli oublier de relever quelques faits historiques : sans vouloir faire de fausse équivalence, le pouvoir qui a persécuté les Juifs était allemand, son chef était Hitler ; le pouvoir qui a trahi la révolution haïtienne était mulâtre, et son chef était Pétion. Hitler avait des « collabos » juifs, Pétion avait des complices noirs. Les étapes de la déconstruction ? Le choix idéologique de certains intellectuels haïtiens est le corollaire de la suprématie blanche à outrance et du mulâtrisme, par association. Ils veulent juger les héros qui nous ont libérés de l’esclavage, selon les préjugés et les préceptes de la « démocratie occidentale » ; principes que les Occidentaux eux-mêmes n’ont pas respectés envers les peuples qu’ils ont colonisés, asservis et massacrés pendant plus de 300 ans. Ils discréditent ceux qui se sont opposés à leur domination, sous le fallacieux prétexte qu’ils n’étaient pas parfaits, faisant ce que les Américains appellent le « Monday morning quaterback ». Il faut peut-être ne pas se considérer comme des descendants d’esclaves, pour avoir autant de mal à tout simplement dire « merci Papa Dessalines » ? Ce choix idéologique et cette stratégie de nous défaire de notre histoire sont mortels pour nous Haïtiens, alors même qu’Haïti est le seul pays de noirs et d’anciens esclaves à avoir démenti la suprématie des blancs. Les puissances occidentales colonialistes se sont associées et attelées à détruire la réputation du pays et de ses héros aux lendemains même de l’indépendance. Ainsi, pour déconstruire notre image, notre aura et banaliser nos accomplissements, il fallait créer un narratif anti-haïtien, anti-noir, anti-1804, mais surtout anti-Dessalines, celui-là même qui symbolise notre histoire et nos prouesses. Comment comprendre qu’Ayiti, ayant pris naissance dans la continuité d’une révolution, avec la constitution impériale de Dessalines de 1805, soit connu sous le label de première république noire? La couleur noire associée à la république pourrait bien donner le change, mais le choix de république laisse croire en même temps que le pays n’aurait vu le jour qu’après le coup d’État de Pétion. Sous le couvert de rétablir la « vérité historique », nos « grands » intellectuels oublient la chronologie de l’histoire. En effet, la nation haïtienne créée en 1804 n’est devenue une république qu’après le coup d’État de Pétion. Dessalines l’avait d’abord proclamée le premier et seul empire des Amériques ; noir, bien sûr. Une Amérique qui a connu la plus grande extermination de peuples, une Amérique qui était la plus grande convoitise des puissances de l'Europe. Dans un monde où le noir était chosifié et où nous sommes arrivés, Africains et enchainés. Nous avons combattu. Nous nous sommes libérés et, à la face du monde, nous avons rendu hommage aux victimes du génocide amérindien et fait naître ce qu’il y avait de plus beau et de plus inspirant dans le monde : un empire de liberté. Oui, un empire créé par d’anciens esclaves. Et, ceci, à la barbe des tout-puissants du monde entier. Voilà ce que nos anciens bourreaux s’obstinent à nous enlever. Et les révisionnistes se font leurs complices. Le terme république renvoie à un statut acceptable par les Occidentaux. Ils récupèrent notre belle révolution et l’intègrent dans leur lexique. De nos jours, dire que nous sommes la première république, même noire, n’établit aucune différence entre ce qu’a réalisé Dessalines et les différentes républiques qui prendront naissance avec l’indépendance octroyée à certains pays d’Afrique, plus d’un siècle après la nôtre, gagnée aux fronts. Noter bien que la France était à peine devenue une république quand Dessalines a été proclamé Empereur par les généraux, le 2 septembre 1804. Exemple que curieusement, Napoléon suivra trois mois plus tard en se faisant également nommer empereur. Dans le contexte de l’époque, le coup d’État de Pétion a rétrogradé le pays au statut de république. Il faut se rappeler, en effet, qu’à ce moment-là, la république peinait à prendre pied en France, alors que dans toute l’Europe régnaient des monarchies. Voilà pourquoi, dans le nord, Christophe est allé se créer un royaume, s’inspirant du modèle anglais et tirant les leçons de l’expérience de Dessalines. Mais les révisionnistes préfèreront le titre de Général pour Dessalines alors qu’il mourut, assassiné et Empereur. N’en déplaise aux révisionnistes, en 1804, nous avons fait sonner le glas du système esclavagiste. Nous avons ouvert, sous le leadership du grand Jacques 1er, une ère nouvelle pour l’humanité, et accouché d’Ayiti. Pas en 1806, pas avec la constitution de 1816 et pas en tant que république, mais en tant qu’Empire ! Et puisque Dessalines nous a hissés à cette hauteur, nous sommes et resterons, envers et contre tout, les premiers. Assassinats par la plume : De la même façon qu’au XVIIe siècle, l’inquisition a tenté de cacher la vérité de Galilée, depuis la révolution haïtienne qui a bouleversé l’ordre mondial, pour mieux éclipser Dessalines, il fallait inventer le titre de génie précurseur à Toussaint et de roi bâtisseur à Christophe. En feignant d’oublier que l’expérience du premier avait modelé l’Empereur et que les accomplissements du deuxième faisaient honneur à sa vision. L’histoire d’Haïti est tumultueuse et complexe, mais comme l’a dit Mao : « l’histoire n’est pas une ligne droite, elle évolue en spirale ». La vie de l’Empereur elle-même en est un exemple : d’esclave à soldat, de soldat à officier, d’officier dans l’armée française au grade de général, de général à gouverneur, de gouverneur à empereur. Tout ce qu’il fut, tout ce qu’il a été, et tout ce qu’il a fait, nous ont conduit vers l’indépendance, vers ce que nous sommes devenus comme peuple. L’analyse de cette histoire ne peut se faire sur la base d’actes isolés, pris hors contextes, car alors, notre compréhension devient partielle et peut même servir à dénigrer notre expérience, à défaire nos héros, à les assassiner par la plume. Un art développé à l’école de Moreau de St. Rémy, de Coriolan Ardouin et d’Alain Turnier. Tandis qu’ils font passer Dessalines et Christophe pour des criminels, voilà comment Alain Turnier, dans son ouvrage « Quand la nation demande des comptes », décrit Pétion, le tombeur de Dessalines : « … revenu dans les rangs de l’expédition française, il dirigea le bombardement de la Crête-à-Pierrot… quand il se rendit compte que l’objectif du corps expéditionnaire était l’anéantissement de ses frères, il fit défection et se joignit à Dessalines pour la conquête de l’indépendance.» En d’autres termes, Pétion, revenu rétablir l’esclavage avec le corps expéditionnaire, est sur la ligne de front en train de bombarder un fort défendu par Dessalines. Mais finalement, par vertu, il aurait pris conscience qu’il bombardait ses frères ? La réalité était que Pétion, ayant découvert que Napoléon réservait la mort et l’exil aux mulâtres, a changé de camp. Pour parfaire le beau tableau de son « grand humaniste, moral et consciencieux », Alain Turnier, tout de suite après, nous dit : « Pétion était sans rancune et de nature généreuse ». S’agissant de Christophe par contre, l’écrivain Eddy Cavé, à la page 320 de son livre « Extermination des Pères fondateurs et pratiques d’exclusion », cite le livre d’Émile Élie, dans des pages retrouvées, publiées par Michel Soukar. Il y présente Henry Christophe comme un voleur et un assassin recherché à St Thomas pour avoir poignardé une de ses maîtresses. Plus loin, il nous dit : « Ce survol de la première tranche de la vie du futur roi est beaucoup plus vraisemblable que la légende qui en fait, à 12 ans, un tambour au siège de Savannah. » Eddy Cavé admet que rien n’est sûr de la version qu’il présente, mais avoue la préférer à celle qui fait de Christophe une légende. Les nègres de maison doivent encore être en train de frémir. Trop content de lui-même, ne voulant pas mettre fin à son plaisir, l’ami Eddy, nous raconte sa motivation. Et je cite : « … il permet de sortir notre héros des hauteurs de la légende pour le restituer à l’histoire. » À quelle histoire ? Pourquoi vouloir faire ce sale boulot ? Et pour parachever la déconstruction de Christophe, il écrit : « Sensible aux honneurs, obnubilé par les fastes de la monarchie et les flatteries des courtisans… » Voilà qu’on reproche à un monarque les pratiques qui caractérisent la plupart des monarchies du monde entier. Soit Eddy Cavé ne lui reconnait pas sa qualité de souverain de l’époque, soit il voudrait l’emmener à titre posthume devant la cour internationale de justice pour n’avoir pas été un bon démocrate. Le genre de position qui donne droit à des entrevues sur RFI. Voilà ce que ces compatriotes historiens veulent faire passer pour vérité historique. Pourtant, après la trahison de Pétion dont il est rapporté par certains historiens qu’il serait complice, Christophe est allé poursuivre le rêve et la politique de Dessalines dans le nord où il a bâti un royaume. Les vestiges de ses réalisations y sont encore présents. Il a construit un État où payer une dette de l’indépendance était inconcevable : le chantage de la France s’est en effet heurté à un refus catégorique de sa part. Les rumeurs font même planer quelques doutes sur le sort que Christophe aurait réservé au messager. Les gens du Nord ont acquis depuis cette période, une réputation de « nèg arrogant, snob, fyè, frekan ». Éduqués et fiers, voilà les caractéristiques qui leur sont encore attribuées. Cette réputation n’est pas étrangère au fait que la population du Nord a été sans doute plus éduquée, l’éducation ayant été obligatoire et gratuite dans le royaume de Christophe alors que dans le Sud dirigé par Rigaud et dans l’Ouest de Pétion, les masses n’avaient pas accès à l’éducation. Un article soumis à AlterPresse en 2015, « Mentalité d’esclave et régime politico-économique », par Lesly Péan, fait de Dessalines et Christophe des fusilleurs/tueurs en série, sans donner de contexte. Se basant sur une lettre de Louverture, fils de Toussaint, également sans contexte, l’auteur de l’article qualifie certains actes du Général Dessalines de bassesses face à Leclerc et l’accuse d’avoir trahi Toussaint Louverture. Cependant, une analyse honnête de cet épisode montre clairement qu’en fait, c’est Toussaint Louverture qui avait abandonné la lutte, et se croyant Français, s’était rendu à Leclerc. Boisrond Tonnerre a lui-même documenté l’épisode dans son ouvrage « Mémoire pour servir à l’histoire d’Haïti » en nous disant et je cite : « Vous voyez, leur dit Dessalines, le général en chef court à sa perte ; voulez-vous l’imiter ou, comme moi, périr les armes à la main ? Il ne nous reste que deux partis à prendre, de rentrer à Saint-Marc ou de mourir libres. A Saint-Marc nous attendent l’ignominie et la mort, ici nous mourrons libres, mais avec l’honneur. » S’adressant à un nombre limité d’officiers, Dessalines avait même considéré, pour la sécurité de Toussaint, l’arrêter et le confiner dans les mornes sous la surveillance d’un garde, « en attendant que le sort des armes décida si le pays devrait rester aux Français ; tous l’approuvent. » Éviter de se livrer à l’ennemi pour pouvoir ensuite se battre contre lui constituerait donc une trahison ? Alors même que l’assassinat de l’empereur n’est pas traité comme tel ? Au contraire, ils nous disent que cela n’aurait pas pu se passer autrement : « Sa pat ka fini lòt jan ». Dans son article, Lesly Péan semble désapprouver le mulâtrisme du gouvernement de Lescot, qu’il qualifie « d’aussi éculé » , que le noirisme d’Estimé a suivi. Mais, en fait, c’est le « noirisme » qu’il critique et condamne. Je cite : « Le matraquage de la pensée noiriste duvaliériste dans les têtes de la jeunesse avec les fausses informations sur “l’idéal dessalinien qui a provoqué bien des délires et accouché du désastre que vit Haïti. Un désastre dont nous sommes tous prisonniers depuis 1946… » Voilà un intellectuel haïtien qui nous dit que l’idéal de Dessalines et la prise en compte des intérêts des noirs par Estimé, après plus de 140 ans de pouvoir mulâtre, constituent la source de nos malheurs ! Sans commentaires. On peut cependant souligner les deux points suivants : 1. Vu la nécessité qu’il peut ressentir à se prouver, le mulâtriste noir est souvent plus excessif dans ses prises de position. 2. Outre le support de la « communauté internationale », on peut compter beaucoup plus de noirs qui sont clairement mulâtristes en Haïti que de mulâtres et de personnes d’ascendance arabe. Les minorités mulâtres et arabes n’auraient pas pu contrôler et garder le pouvoir économique et politique aussi longtemps, sans l’adhésion et la collaboration de certains noirs qu’ils utilisent comme façade. Ce qui est décevant chez ces écrivains, c’est leur mépris à l’égard de notre histoire peu banale et des héros qui en ont été les acteurs. On a l’impression qu’aujourd’hui, en Haïti, le statut d’intellectuel est lié à la capacité de dénigrer Haïti. Car, comment comprendre que l’économiste le plus en vue soit celui qui a écrit un livre intitulé : « Haïti a choisi d’être pauvre » ? Il y a une volonté manifeste de discréditer le pays et ses héros autant au niveau international qu’au niveau national. Ainsi, ils vous font haïr Duvalier et font ensuite un amalgame en l’associant à Dessalines, pour susciter la diabolisation maximale et la même haine, ou tout au moins le dégout inconscient pour ce dernier. Et pour neutraliser ses accomplissements, certains vont jusqu’à dire que nous nous sommes libérés trop tôt. Les plus astucieux font l’éloge de Dessalines comme grand général, mais le condamnent comme gestionnaire et remettent en question sa légitimité de grand chef d’État, dans le seul but de justifier son assassinat, l’avènement de leur république, et passer sous silence toute une vision. C’est tout cela l’assassinat par la plume. Le visionnaire « Nous devons faire le serment de lutter jusqu’au dernier soupir pour l’indépendance de notre pays ». Cette phrase qui est aujourd’hui encore d’actualité était le cri de guerre et le leitmotiv des révolutions chinoise, cubaine et vietnamienne. N’oublions cependant pas que Dessalines l’avait d’abord prononcée, et ce, après avoir gagné une guerre et établi un État. Dessalines avait compris que gagner la guerre n’était pas suffisant, que ce n’était qu’une étape pour la construction du nouvel État. Un État inédit et fragile. Un État à garder indépendant, auto-suffisant et stable par la mise en œuvre d’une politique économique qui bénéficierait à l’ensemble de la population. Il lui fallait alors gérer les contradictions externes et protéger le pays contre les ennemis, les forces occidentales esclavagistes. Il devait également résoudre les conflits ou contradictions internes, à savoir, les bandes armées, les conflits de classes et de couleur, renforcer l’organisation sociale du nouvel État. Et finalement, organiser de façon effective la présence des étrangers sur le territoire. A - Contradiction externe : Les forces occidentales esclavagistes constituaient la plus grande menace pour notre jeune État. Selon Dessalines, ce que les marxistes matérialistes appelleraient la contradiction principale de l’époque : la contradiction qui doit être résolue prioritairement, selon la conjoncture, mais qui peut durer aussi longtemps que la contradiction fondamentale. Dessalines s’est attelé à résoudre cette contradiction en faveur d’Haïti sur plusieurs volets. L’article 9 de la constitution impériale de 1805, stipule clairement sa vision : « Nul n’est digne d’être Haïtien, s’il n’est bon père, bon fils, bon époux, et surtout bon soldat. » Notez l’accent mis sur la nécessité d’être un bon soldat ! Il ne s’agissait pas ici de se contenter de créer un pays de chair à canon, mais plutôt un pays où tous les citoyens, maris, fils, femmes et soldats étaient égaux, dans un pays qui leur appartenait. Un pays dans lequel ils vivraient libres et pour lequel ils devaient être prêts à se battre et à mourir s’il le fallait : « Vivre libre ou mourir ». C’est bien dans cette optique que Dessalines fit construire des forts à travers le pays. Dans cette même vision, s’inscrivait également la nécessité de placer le siège de l’État dans une zone protégée, difficilement accessible à l’ennemi, ce qui n’était pas le cas des villes côtières qui pouvaient être facilement atteintes par les bateaux, les troupes et canons de l’ennemi. D’où le choix de Dessalines-ville, pour être le siège de son pouvoir. Dessalines était conscient de ce qu’il avait réalisé. Il venait de faire passer tous les noirs du statut de biens meubles, selon le code noir de Napoléon, au statut d’êtres humains, les réhabilitant du même coup dans l’histoire de l’humanité. « Un État créé par nous-mêmes, pour nous-mêmes, disait-il ». C’est ce que reconnaitra Aimé Césaire dans ce célèbre passage du Cahier d’un retour au pays natal , parlant d’Haïti comme du lieu : «où la négritude se mit debout pour la première fois et dit qu’elle croyait à son humanité. » Dessalines a par la même occasion réhabilité les Autochtones d’Amérique, victimes de génocide, non seulement en déclarant qu’il a vengé l'Amérique, mais surtout, en restituant le nom original d’Ayiti à cette terre indienne. Il fait tout cela dans un environnement mondial hostile, où, presque toutes les richesses de l’occident provenaient du commerce triangulaire et de l’esclavage des noirs. Pour subsister dans un tel environnement, il fallait que ce jeune État se fasse des alliés. C’est ainsi que Dessalines a développé un internationalisme des peuples opprimés avant la lettre, n’en déplaise aux marxistes euro-centristes. Si le mouvement communiste international a été divisé après la mort de Lénine, face au défi de savoir comment assurer la survie du seul pays socialiste de l’époque dans un environnement international capitaliste hostile, Dessalines, plus de cent ans auparavant, avait dû faire face à ce même défi. Comment assurer la survie d’un État anti-esclavagiste dans un monde esclavagiste ? Staline, dans le contexte de la révolution soviétique, a opté pour la consolidation et la préservation du seul pays socialiste de l’époque, envers et contre tout. Il fallait tout sacrifier, pour conserver la première et l’unique expérience socialiste dans le monde. Dans cette optique, les luttes et mouvements qui pouvaient nuire aux intérêts et à la stabilité de l’Union soviétique furent ignorés, condamnés ou combattus. Pour sa part, Trotski, chef de l’armée rouge, pensait qu’un choix devait être fait en optant soit pour l’exportation de la révolution soit pour la révolution permanente. Cependant, cette stratégie aurait pu disperser les forces du jeune État socialiste et l’affaiblir, le rendant ainsi vulnérable aux assauts externes. Ce qui était contraire à la vision et aux vœux de Staline. Dessalines, à son époque déjà, avait opté pour une approche sur les deux fronts. 1) Il fallait protéger et consolider le jeune État et la révolution militairement par la construction de forts ; mettre la nation sur un pied de guerre et la renforcer économiquement par une réforme agraire où la plupart des grandes propriétés rentreraient dans le domaine de l’État. D’où sa politique de vérification des titres de propriété, en juillet 1805. 2) Il était également d’avis qu’Haïti ne saurait survivre longtemps dans un environnement mondial hostile sans compter sur le soutien d’alliés. Il encouragea alors d’autres pays à se défaire du joug de l’esclavage et du colonialisme. D’où la demande de reconnaissance par les USA et l’appui à Miranda en soldats et en armes. Cette dernière politique d’assistance aux peuples frères, initiée par Dessalines sera suivie par Pétion, jusqu’à ce que tous les pays de la Grande-Colombie soient libérés sous la direction de Simon Bolivar. Notez bien que les révisionnistes ne parlent jamais de Miranda comme précurseur de l’indépendance de la Grande- Colombie. Et, Pétion, non pas Dessalines, est devenu le père du Panaméricanisme. Ayant par ailleurs prévu que les Français reviendraient, Dessalines, en grand visionnaire, avait mis en place tout un système pour les combattre et éventuellement leur infliger une deuxième défaite. Et en effet, les Français sont revenus. Mais, les traitres, sous la direction de Pétion, ont capitulé face aux esclavagistes qui sont devenus par la suite leurs patrons et alliés. Ils ont assassiné l’Empereur, pillé le jeune État et plus tard, payé une rançon à la France. B) Les contradictions internes : Bien longtemps après, Staline a aussi réalisé la nécessité de se faire des alliés en soutenant des luttes de libération nationale comme celle de la Chine. Et la différence de perspective entre Staline et Trotski se solda par l’assassinat de ce dernier. C’était un choix politique, pour la résolution d’une contradiction interne, nécessaire à la survie de l’État en création. Le jeune État socialiste n’aurait pas pu supporter une lutte de pouvoir ou pire encore, la possibilité d’un coup d’État par le chef charismatique de l’armée rouge en la personne de Trotski ; alors que son existence même était déjà menacée par les Occidentaux. Trouver le bon équilibre entre les menaces provenant de l’extérieur et les dangers de l’intérieur est une entreprise d’expert balancier, qui requiert légitimité, force, vision et amour de la patrie. Pour toute révolution ou lutte apportant un changement de paradigmes sociaux, la nouvelle société, porte en son sein les germes de sa propre destruction. Ni l’Union soviétique de Lénine et de Staline, ni la Chine de Mao, ni l’Haïti de Dessalines n’ont échappé à cette réalité. Et chaque leader, en fonction de son contexte, des forces en présence et de sa vision de l’avenir, va affronter ce défi à sa manière. La stratégie de Staline, était d’éliminer tous ceux qui faisaient obstacle à la construction du nouvel État socialiste. Qu’il s’agisse de figures puissantes de la révolution comme Trotski, du Parti des Mencheviks ou des minorités ethniques. Pour rappel, l’Union soviétique était un vaste pays, avec au moins une demi-douzaine de minorités ethniques ayant des revendications différentes, des groupes en protestation permanente et fomentant des mouvements de rébellion, qui menaçaient la survie du nouvel État. Staline a opté pour des solutions rapides et à moindres coûts : éliminer tous les opposants. Mao Tse-Tung, comme Staline, avait compris que dans un environnement international hostile, le plus grand ennemi de la révolution, après la victoire, pouvait venir de l’intérieur. Il a qualifié les bandes armées et les mouvements de dissensions internes à la révolution chinoise de « rébellions réactionnaires », puis les a matés, durant et après la révolution. Mais surtout, il a pu identifier que la nouvelle bourgeoisie qui menaçait la révolution chinoise se trouvait à l’intérieur même du Parti communiste chinois. C’est ainsi qu'en 1966, avec la bande des quatre, Mao lança la Révolution culturelle chinoise. Cette révolution avait pour but de dépister les pratiques de la bourgeoisie traditionnelle, antichinoise, anti-communiste, les pratiques de corruption dans la politique, mais particulièrement, la manipulation des esprits par le biais de la culture. Mao Tse-Tung a eu la perspicacité de réaliser que la bourgeoisie regagnait le pouvoir, non pas par la force des armes, mais à travers l’école, les manifestations de foi, le favoritisme ethnique, les langues, le théâtre, les programmes de radiodiffusion. Bref, par la culture. D’où sa Révolution culturelle. Ainsi, une vaste campagne, qui a duré jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Deng Xiao Ping en 1976, après la mort de Mao, fut menée en Chine. Se démarquant de la stratégie de Staline, Mao allia la dénonciation et la punition à la rééducation, pour sauver la révolution chinoise. Mao avait compris qu’il était plus facile pour ceux au pouvoir de reproduire les pratiques de l’ancienne société, que de consentir les sacrifices pour en construire une nouvelle. Donc, il a procédé à une vaste campagne de rééducation, en mobilisant les masses qui étaient les porteurs et les garants de cette nouvelle Chine. Il « a forcé » leurs leaders à devenir aptes à les diriger. Soulignons l'expression : à devenir aptes à les diriger. Dessalines, plus de cent ans auparavant, sans modèle avant lui, avait dû affronter les mêmes défis liés à l’avènement et à la consolidation d’une société nouvelle. Il devait résoudre les conflits internes qui menaçaient la construction et l’existence du nouvel État et éviter d’ouvrir le flanc aux ennemis externes. C’est dans ce contexte, tout comme Mao et Staline, avant, pendant et après la révolution, Dessalines a dû mater certaines rebellions d’anciens camarades de combat et de bandes armées, en rébellion permanente, souvent sans projet de société. Il a dû les éliminer en vue de créer et de poursuivre la construction de la jeune Nation. Qui peut dire ce qu’était le projet de société de Petit Noël Prieur ou de Lamour Dérance, sinon que d’avoir le « syndrome » de la rébellion permanente ? Comme Mao, Dessalines avait compris que la nouvelle élite exploiteuse des masses pouvait sortir des rangs du nouvel État. Qu’il ne fallait pas seulement les punir, mais prendre des dispositions de rééducation pratiques et fermer les brèches qui rendaient le pays vulnérable à la menace externe. Dessalines, Staline et Mao ont dû prendre leurs responsabilités de leaders et éliminer tous ceux qui devaient l’être. Dessalines n’est sans doute pas allé jusqu’au bout de cette logique puisqu’il a été assassiné avant d’avoir pu mettre en œuvre toutes ses politiques. Dessalines essaya de souder l’alliance et l’entente entre les noirs et les mulâtres, car il croyait que cet héritage de division, basé sur la couleur de la peau, constituait un véritable frein pour le pays. Il était convaincu que les blancs pourraient continuer à creuser le fossé de la division et l'implosion de la nation. C’est pourquoi la première constitution haïtienne proclamait que toute personne ayant la nationalité haïtienne était ipso facto noire. Dessalines a aussi encouragé et soutenu le massacre des Français non seulement pour punir les crimes perpétrés par les anciens bourreaux, mais surtout pour sceller, comme dans un pacte sacrificiel, l’alliance des noirs et des mulâtres contre leurs bourreaux, les blancs. Et pour unifier, sans distinction aucune, tous les enfants d’une même nation, la Constitution impériale de 1805 reconnaissait les enfants naturels au même titre que les enfants légitimes. Si, comme l’affirment certains historiens, Dessalines est allé jusqu’à proposer un mariage entre sa fille et Pétion, soyons assurés qu’il n’était animé d’aucun complexe vis-à-vis des blancs, contre lesquels il a pu aller en guerre. Pourquoi alors en aurait-il eu vis-à-vis des mulâtres qu’il avait déjà confrontés à la Crête-à-Pierrot et sur d’autres fronts? Tout comme il a accordé la nationalité haïtienne aux Polonais ; par l’intégration d’un mulâtre dans la famille royale, il voulait envoyer un message clair à la nation et aux puissances étrangères qu’en Ayiti, nous sommes tous noirs et unifiés. Comme cela a été fait dans des pays comme la Suède et la Norvège, lorsqu’en 1814, Charles XIII de Suède est devenu Roi de la Norvège, pour signifier à leurs deux peuples, leur amitié retrouvée. Dessalines a tout mis en œuvre pour résoudre les conflits internes, pour unifier le pays et assurer ainsi la survie du premier et seul empire noir d’Amérique issu d’une révolution d’esclaves, empire qui deviendra après son assassinat, et seulement après, une république. C) Politique économique : Les dirigeants socialistes de l’Union soviétique et ceux de la Chine n’ont jamais considéré l’économie de leur pays comme une fin en soi ou une science autonome, séparée de la politique et des réalités sociales. Le terme économie politique est bien un concept du marxisme-léninisme. La vision est que l’économie est au service de la politique et non l’inverse. En effet, l’économie n’a pas de vie autonome, comme ont voulu le faire croire des économistes occidentaux comme Adam Smith. Dans les sociétés féodales et capitalistes, selon les marxistes, l’économie repose sur l’exploitation d’une classe par une autre. Mais dans l’ère capitaliste, il s’agit également de l’exploitation de certains pays par d’autres. Ce que les marxistes vont découvrir et analyser seulement avec Lénine. Mais le hic, c’est que le capitalisme avait déjà les germes de ce que Lénine verra comme son stade suprême : l’impérialisme. Ce sont les pays du Sud qui ont financé les deux révolutions occidentales, dites industrielles et technologiques, en mains-d’œuvre et en matières premières. En fait, l’investissement en capitaux financiers et l’accumulation de profits qui s’ensuivra n’auraient pas été possibles sans les ressources accumulées par le génocide et le pillage des pays d’Amérique, d’Asie et d’Afrique, mais surtout, sans l’esclavage des noirs. Ce n’est qu’avec Mao Tsetung que le mouvement communiste international allait reconnaitre qu’il y avait une particularité propre aux luttes révolutionnaires des pays du Sud pour se défaire du joug du colonialisme - rebaptisé impérialisme – et plus tard, néocolonialisme. Cette particularité de la lutte des pays du Sud va être connue sous le label de luttes de libération nationale. Dans cette perspective, Dessalines a été le premier à mener une lutte de libération nationale. L’approche et la philosophie de la gestion économique du pays par Dessalines seront suivies et implantées par les pays socialistes, plus de cent ans après son assassinat. Selon les dirigeants socialistes, chinois et soviétiques, l’économie doit servir à atteindre les objectifs politiques visés par les dirigeants de la nation. Ils avaient compris que dans un environnement international politiquement et économiquement hostile, il fallait tout mettre en œuvre pour assurer l’autosuffisance alimentaire de leur peuple et développer les outils pour résister financièrement aux assauts militaires et économiques. Les embargos commerciaux, les blocus maritimes, les échanges commerciaux déficitaires, et l’ostracisation étaient tous des menaces qui pesaient sur ces États. Expérience vécue également par Haïti pendant plus d’un siècle. Pour y faire face, la Chine et l’Union soviétique ont privilégié la culture de grandes propriétés. Ils ont fait de leurs États respectifs les plus grands propriétaires terriens, en entrant la plupart des grandes propriétés dans le domaine privé de l’État. Ils ont imposé une limite à l’étendue de la propriété privée, réduit les importations de produits de luxe et augmenté la production des produits de première nécessité afin d’assurer l’autosuffisance alimentaire de leur population et une balance de paiement positive, en veillant que les échanges commerciaux ne soient pas déficitaires au détriment de l’État. En fait, c’est cette même vision de l’économie politique de Dessalines qui occasionna son assassinat. Un conflit éclata ouvertement entre les mulâtres et Dessalines quand celui-ci prit les dispositions pour bloquer les tentatives des mulâtres du Sud de s’approprier les biens des anciens colons. Il fit rentrer tous ces biens dans le patrimoine des villes et des régions. Ce dilemme s’ajouta aux contradictions internes auxquelles il faisait déjà face. Comme l’a dit plus tard Mao, les semences de la destruction se trouvaient en notre sein. La corruption avait eu le temps de gangrener tout le Sud. Les mulâtres commerçaient clandestinement avec les Anglais et les Américains, ce qui représentait un manque à gagner considérable pour les caisses de l’État, alors que ces pays ne nous reconnaissaient même pas en tant qu’État. Les anciens affranchis et les hauts dignitaires de l’armée commencèrent à accaparer des terres, des habitations et des maisons que les colons français avaient abandonnées dans leur fuite. Ils arrivèrent même à fabriquer de faux titres de propriété jaunis avec de la fumée pour avoir un aspect d’ancienneté. Dessalines mit un frein à toutes ces combines en réclamant la vérification de tous les titres de propriété et fait publier la loi du 1er septembre 1806. Il sera assassiné moins de deux mois plus tard. Mais la preuve la plus illustre de la politique économique de Dessalines, de sa volonté de répartir les richesses du pays de manière équitable et de protéger les plus démunis, sont ces paroles qu’il prononça et qui signèrent son arrêt de mort : « …Avant de prendre les armes contre Leclerc, les mulâtres, tous fils de blancs qu’ils furent, ne reçurent aucun héritage de leur père. Comment comprendre que sitôt que les colons furent chassés, ces fils se mettent à réclamer leurs biens ? » « Les noirs dont les pères sont en Afrique, n’auront-ils donc rien ? » Si nos marxistes-léninistes haïtiens, dignes de ce nom, ne faisaient pas cause commune avec les révisionnistes, ils crieraient à tue-tête sous tous les toits que Dessalines, là encore, a fait école ! Un socialiste, bien avant la lettre. Philosophie et politique : Il est curieux que la plupart des marxistes-léninistes haïtiens, qui sont censés épouser la philosophie du matérialisme dialectique, n’aient jamais tenté d’appliquer pour Haïti, la méthode d’analyse marxiste basée sur les lois de la contradiction développées par Mao Tsetung. C’est la théorie marxiste, selon laquelle les différences entre les deux classes primaires, la classe ouvrière/le prolétariat et la bourgeoisie, dans les sociétés capitalistes, sont si importantes qu'il n'y a aucun moyen de réconcilier leurs points de vue. Puisque ces groupes ont des préoccupations diamétralement opposées, leurs objectifs sont si dissemblables et contradictoires qu'aucune solution mutuellement acceptable ne peut être trouvée. Quelle serait donc cette contradiction fondamentale en Haïti, sinon celle entre les masses noires et une élite mulâtro-arabe, qui détient l’économie du pays et contrôle la politique ? N’est-ce pas cette contradiction fondamentale qui a causé que les pouvoirs de Soulouque, de Salomon, d’Estimé, de Duvalier et d’Aristide aient fini dans la violence ? Aucune solution mutuellement acceptable ne pouvait être trouvée. Certes, en plus de la contradiction fondamentale, il y a d’autres contradictions qui existent dans le tissu social. Mais, bien qu’elles puissent évoluer et changer de nature et d’importance, dans certaines conjonctures, ce ne sont que des contradictions secondaires. Bien entendu parmi elles, il faudra faire la différence entre celles qui sont antagoniques et celles, au sein du peuple, qui sont non-antagoniques. Les contradictions non-conflictuelles ou non-antagoniques peuvent être résolues par un simple débat, mais les contradictions conflictuelles ne peuvent être résolues que par la lutte, lutte qui s’est exprimée avec Soulouque, Estimé, François Duvalier et Aristide. Le fait d’analyser cette réalité sociale historique ne saurait être réduit à de la haine, à du fascisme, voire à du « noirisme ». « Noirisme » ? Un terme péjoratif souvent utilisé par les intellectuels de service pour qualifier les nationalistes haïtiens, les mettre sur la défensive et clore les débats. Car, militer pour l’avènement de meilleures conditions de vie pour le prolétariat ou la majorité de la population noire, comparativement au 5%, qui contrôlent tout, devrait être une position noble et révolutionnaire. C’est ce qu’ont fait Lénine, Mao, ainsi que Dessalines. Si les populations noires du monde moderne, particulièrement, celles d’Afrique, se trouvent en grande partie dans des situations de précarité, ce n’est pas un fait de la nature. Bien au contraire, venu du continent qui a vu naître l’humanité, l’Africain a un énorme potentiel. Comme cela a été établi par la science, ce sont bien les Africains qui ont peuplé le reste de la planète. La situation du noir est plutôt due à un fait social historique. Bien qu’il n’y ait rien d’inhérent au noir qui a pu faire de lui un esclave, c’est loin d’être un accident de parcours historique, comme certains révisionnistes aimeraient le faire croire. Bonaparte est entré en Italie, mais n’a mis personne en esclavage. L’esclavage des noirs a été la première forme d’esclavage basée uniquement sur la couleur de peau. Elle a duré plus de 300 ans et a fait la fortune des Occidentaux. Cette fortune a contribué au contrôle de l’éducation, des ressources naturelles, à leur développement. Ce qui a contribué à maintenir leur suprématie sur le reste du monde, l’Afrique en particulier. Mais l’histoire des noirs et de l’Afrique n’a pas commencé avec l’esclavage. Le Royaume du Soudan et l’Empire égyptien, par exemple, ont fait la convoitise du reste du monde, pour leur richesse et leur science. Les philosophes grecs, les mieux connus, ont été formés en Égypte. Par contre, la réalité est que les Occidentaux, en raison de leur contrôle, de leur pouvoir et de la richesse qu’ils ont accumulée, ont pu cacher pendant longtemps cette vérité. Comme celle de Galilée. Le narratif dont ils font la promotion, c’est que les noirs se sont vendus, qu’ils sont des lâches, que c’est grâce aux blancs qu’ils sont devenus « civilisés » et ont eu leur indépendance. Plus que de vouloir taire la vérité, ils ont systématiquement cherché à effacer les Africains qui se sont révoltés et se sont battus contre leurs crimes. Haïti et Dessalines sont et ont toujours été de mauvais exemples. Voilà pourquoi le 17 octobre 1806 est un crime historique. Et depuis quelque temps, ils s’évertuent à dire Quisqueya pour parler de l’île d’Haïti. Curieuse coïncidence ou volonté d’associer le nom d’Haïti au malheur, aux catastrophes et à la désolation ? L’exemple à ne pas suivre, n’est-ce pas ? Ils ont réussi, avec notre complicité. Et puisque les Occidentaux ont récemment fait du crime de l’esclavage, ce crime contre les noirs, devenu un crime contre l’humanité (comme si tout le monde avait été victime), pas question de réparation donc. On se demande alors si l’assassinat de celui qui a mis fin à l’esclavage ne devrait pas être considéré également comme un crime contre l’humanité. Garaudy Laguerre Source: http://www.lenational.org/post_article.php?tri=1271&fbclid=IwAR1_eX0Ta6-qihSkNgnh4dVzsIlJKDQ0lHRcs4VvNzPVZ92OGnTA2P8xBY0

LES ARMES ET LE DIALOGUE

LES ARMES ET LE DIALOGUE

Das un an, j'aurai soixante ans.

Le printemps haïtien se pointe en février

Le printemps haïtien se pointe en février

Beaux et entrainants, les titres qui pourraient rythmer la une des journaux, si le théâtre des événements était autre que Haïti. Ah oui encore Haïti ! Cette négresse plus que bi-séculaire qui résiste dans un combat permanent aussi vieux et improbable que sa naissance.
- La kokoratisation s'installe en Haïti
- Manifestation des kokorats haitiens
- Les kokorats en hordes de combat en Haïti
- L'hiver haïtien ébranle le bananier
- Le bananier secoué par les remous des Kokorats
La longue liste des titres colorés et nuancés, les uns plus que les autres, ne semble pas pouvoir attiser la curiosité et attirer les médias du monde.  Donc, des humains encore capables de compatir avec plus de 10.000.000 d'âmes qui sortent dans les rues pour crier leurs faims dans des rugissements synchrones avec leurs crampes d'estomac et des contorsions intestinales chassant cette vacuité qui fait mal.
Alexandre Benala apparaît bien avant « haïtiens affamés » sur les moteurs de recherches.
Si on se replace dans le contexte de crise politique, Venezuela lui grille encore une fois la politesse à Haïti.
Pourtant, on trouve de nombreuses similitudes entre les actualités de ces deux démocraties portées par des présidents issus des urnes.
Le monde reste assez attentif à ce qu'il se passe au Venezuela alors que les va-nu-pieds d'Haïti sont ignorés avec cette indifférence glaciale qui ne semble s'effriter que quand le chiffre de pertes en vies humaines dépasse les centaines de milles.
Pourtant, encore une fois, les haïtiens réclament un droit fondamental en défendant une cause noble : le droit de manger, la lutte contre la corruption !
Haïti est aujourd'hui l'aboutissement d'un processus de déshumanisation. Les pointilleux en trouveraient comme cause, ce complot ourdi et achevé le 17 octobre 1806 par l'assassinat de celui qui a voulu recadrer le nègre dans le cercle humain d'où des conceptualisations basées sur des théories farfelues, les avaient exclus et justifiaient leur utilisation comme des objets meubles.
Malgré les productions littéraires et pseudoscientifiques propres de tous les siècles et de toutes les évolutions des idées, le processus de déshumanisation est aujourd'hui aboutie.
De la misère, de la pauvreté il en existe partout ceci justifie que la faim, le manque d'eau, et d'autres besoins primordiaux qui tenaillent la population haïtienne n'inquiète que les 10.000 ONG qui travaillent pour remédier à ces manques.
Des guerres et des massacres il s'en passe si fréquemment que plus de 20 cadavres d'êtres humains retrouvés dans les poubelles ou entrain de se dévorer par des cochons « domestiques" partageant dans une convivialité non dérangeante les espaces vitaux.
Pourquoi le monde s'apitoierait si la police Nationale d'Haïti traite cet épisode comme un fait divers banal.
Cette force de Police, formée par ceux qui ont décidé que nous n'avions pas besoin de nos forces Armées.

Ceci n'inquiète pas non plus nos gouvernements centraux dirigés par ces marionnettes dont les ficelles sont tirées par ceux qui financent des mascarades électorales.
Le statu quo a su admirablement se maintenir jusqu'à la goutte d'eau qui réveilla la masse qui souffre. Il a fallu une goutte épaisse : 4.2 milliards de dollars, dilapidés avec la complicité des marionnettes et les prédateurs de toujours.
Tous les êtres humains ont su se défaire de leurs chaînes en prenant conscience d'une situation portant atteinte à leur survie.
Mais pour beaucoup, l'haïtien n'en serait pas capable. Si 3.000.000 de personnes prennent les rues c'est forcément parce que de l'argent a été distribué. Pourtant j'ai discuté avec des jeunes qui vous confient qu'ils ont trop faim pour sortir manifester et qu'ils préfèrent rester à la maison pour bailler.
Aujourd'hui, huit jour après le début des manifestations dont l'objectif à court terme est de bloquer complètement le pays, la presse internationale s’intéresse avec ce tableau à peine vraisemblable de cadavres de jeunes éparpillés dans les rues, victimes d'échanges de tirs !
Les haïtiens veulent se débarrasser d'un pouvoir inefficace, faisant barrage à un procès contre ceux qui ont volé 4.2 milliards d'euros.
Les voix de l'ingérence fixent le rendez-vous aux urnes ! Oui il faut changer le gouvernement par ded élections manipulées au gré de certains intérêts qui ne s'harmonisent pas toujours avec ceux de la majorité.
Inimaginable prend forme. Celle de l'horreur et de la déshumanisation !
Les haïtiens célèbrent leur printemps en Février dans une prière collective contre la misère et la corruption.
Pour que bourgeonne demain et l'espoir !

Dr Jonas Jolivert

MARIAGE POUR TOUS ET PLUSIEURS MARIAGES POUR UN

MARIAGE POUR TOUS ET PLUSIEURS MARIAGES POUR UN

Le monde a toujours vécu au rythme des phénomènes de mode. Un problème crucial devenu chronique, maintenu en sourdine peut devenir, par un concours de circonstances, élément essentiel de l'actualité avec une allure de processus aggravé. Ceci, même quand pour la grande majorité des gens, les motifs évoqués ne sont pas toujours très convaincants. Pour vaincre la monotonie des actualités qui se ressemblent trop, les médias s'arrangent pour contribuer à faire oublier les crises et enterrer les conflits par l'oubli. Les guerres oubliées, malgré leurs cortèges de morts n'émeuvent plus et cessent d'exister. Une guerre meurtrière devient normale et routine. C'est juste la conception intéressante, à travers les temps, de ce qui est normal qui conditionne des modes de penser et des comportements adaptés. Toutes les grandes idées ont été universellement acceptées. Même celles qui n'ont pas résisté à l'épreuve du temps et qui ont été déclarées erronées après. En fait, la grande question que toute personne sensée est en droit de se poser, c'est justement qu'est-ce que l'on nous vend aujourd'hui comme normal contre ce qui ne l'est pas. Quelle aberration du futur nous côtoyons et nous chérissons tous les jours ? Les idées et les formes de penser créent des valeurs insérées dans une certaine réalité structurée. Les valeurs sont donc hiérarchisées chantées et vénérées par les porteurs de visions et les garants de courant de pensée. Et dans les grands débats de chaque époque il y a eu heureusement des gens pour et des contre. Même quand les contre ont été vus comme retardés ou réactionnaires, leur apport aura été indispensable. Certaines de leurs prises de position ont permis à élaborer des chartes et à légiférer. Des exemples pour corroborer cette dialectique se bousculent dans les pages de l'histoire évolutive de l'humanité. De cette longue liste, se détachent et se démarquent la théorie de l'inégalité des races, l'esclavage, l'apartheid entre autres titres. Ces derniers temps j'ai participé comme conférencier à des célébrations autour de l'abolition de l'esclavage et des traites négrières. Et comme conclusion, j'ai souvent voulu faire comprendre que ces passerelles de l'histoire qui aujourd'hui sont acceptées comme crimes abominables contre l'humanité ont été non seulement acceptées mais défendues par de grands penseurs, forgerons d'opinions. Donc mon inquiétude a toujours été de comprendre et de dénicher qu'elle serait cette abomination de demain ou du siècle prochain que j'ingurgite volontiers sans haut le cœur. Depuis le début du quinquennat du président français, certains sujets sociétaux deviennent à la mode et parmi les plus sonnants se trouveraient le mariage pour tous, la procréation pour autrui, le droit à l’adoption par des couples homosexuels Le mariage entre deux personnes du même sexe a bénéficié d'une législation qui en fait la grande réalisation du socialisme « hollandais » dans son objectif de changer le monde. Après cette victoire du mariage pour tous en terre française, l'idée est partie, le vent en poupe à la conquête du monde. Le mariage homosexuel est devenu si normal et tellement existentiel que les cultures qui refusent de le voir comme tel sont rangées parmi des celles qui ne respectent pas les droits de l'homme. Qui a raison ? Qui a tort ? Doit-on se mettre à côté de ceux qui ne sont pas pour ou contre ceux qui sont contre ? Les réflexions appliquées à un camp sont applicables aussi à l'autre camp. Il est à se demander cependant pourquoi les idées venues de ces cultures dites supérieures s'acharnent à balayer des certitudes culturelles des autres cultures. Qu'une institution comme le mariage subisse ce lifting en 2015 ne semble pas trop grave dans la mesure où celui-ci semble avoir pris un peu de plomb dans les ailes avec le nombre de divorces et de dissolutions. Cependant plus inquiétant me paraît la nouvelle conceptualisation de la composition de la famille. Avec études à l'appui, il aurait été démontré que l'éducation d'un enfant par un couple homosexuel serait de valeur et de qualité équivalentes à celle d'un enfant élevé dans une structure familiale composée d'une mère et d'un père. Des études et des conclusions scientifiques ont toujours appuyé les idées les plus folles. Mais encore une fois qui a raison ? Doit-on lancer une croisade pour imposer universellement ces idées qui bouleversent les structures de la société ou doit-on accepter le risque de s'enfermer dans un conservatisme archaïque et désuet ? La question reste entière et il me semble qu'une solution sensée aujourd'hui pour fuir les rouages de l'extrémisme serait de faire selon sa conscience et laisser aux autres le choix d’en faire de même. Pourtant, que se passerait-il, si es sociétés africaines ou la polygamie est acceptée, viendraient faire la leçon en Europe pour leur prouver que la polygamie devrait bénéficier du même traitement que l’idée du mariage pour tous. En passant je voudrais juste réveiller la conscience des polygames endormis de façon à ce qu'ils revendiquent ailleurs le droit au pluri-mariage. La polygamie pourrait comme l'homosexualité, être un choix.

LE PAPE FRANÇOIS, CE MONDE...SON CALVAIRE

LE PAPE FRANÇOIS, CE MONDE...SON CALVAIRE

LE PAPE CE MONDE SON CALVAIRE Je me suis donné c omme principe d'éviter le culte de la personnalité pour la simple et bonne raison de me garder d'encenser quelqu'un que je ne connais que partiellement. Au lieu d'attribuer des caractéristiques trop dithyrambiques à quelqu'un que j'assimilerais à un ange, je préfère me dire que tout être humain est capable de vices et de vertus. J'applaudis avec une ferveur égale au dédain mis en jeu quand je critique le comportement d'un être humain. J'ai suivi avec un intérêt certain l'euphorie montée comme une vraie mayonnaise autour de la visite du Pape à Cuba et aux USA. Le patron du Vatican n'a cessé d'étonner le monde catholique et les autres par ses prises de position et ses actes qui l'éloignent souvent du monde dogmatique conservateur et pincé de l'église catholique. Souvent il tient tellement compte de l'humain au détriment du pur religieux, que j'oublie qu'il est le plus haut placé de la hiérarchie de l'église catholique. Il me fait l'impression d'un humain imbu d'une sagesse universelle mise au service du bien-être de tous les hommes de la terre. Souvent je me dis qu'il s'en fout des dogmes et que pour la première fois l'église est dirigée par un pape athé ! Plusieurs images sympathiques ont ponctué la visite très médiatisée du souverain pontife. On peut retenir en lieu et place de la papa mobile la petite fiat 500 faisant un drôle d'effet perdu dans les cortèges des grandes cylindrées. Un ami à posté sur une page de réseau social une vidéo montrant le pape escalader seul un escalier le conduisant vers un avion. Les commentaires tournaient autour du fait que le pape était tout seul et que le protocole aurait pu prévoir un accompagnement rapproché pour le au cas où. J'ai pris du temps pour observer cette montée accidentée de l'escalier du chef de l'église. J'ai eu l'impression que le pape faisait face à un vent qui soufflait assez fort et qui propulsait des éléments de son habillage vers son visage gênant ainsi sa vue et sa vision. Il trébucha une première fois sans tomber ni se lasser. Il poursuivit son ascension en trébuchant une deuxième fois… Cette scène me rappela singulièrement celle de Jésus portant sa croix. Aujourd'hui être chef d'église est loin d'être une charge facile dans un monde en ébullition ou le sacré entre en conflit avec l'évolution de la pensée humaine et se trouve dans un carrefour en pente glissante. Cet homme âgé coiffé de ce grand titre et des responsabilités qui vont avec effectue constamment malgré lui une ascension difficile pour essayer de porter son message et sa voix vers l'humain dans son essence et dans sa souffrance. Comme tout bon homme de Dieu dans la conception la plus humaine, il mérite respect et considération. Jonas Jolivert

THE PAINTER OF JALOUZI

THE PAINTER OF JALOUZI

CES HOMMES QUI NOUS DIRIGENT

CES HOMMES QUI NOUS DIRIGENT

CES HOMMES QUI NOUS DIRIGENT Je lisais dernièrement de façon très laconique, un texte servant d'introduction et de justification à une autre page identique à des dizaines qui pullulent déjà les réseaux sociaux. Je lisais ce texte avec une certaine moquerie devant la disproportion existante d'une part entre la justesse des mots et la force intrinsèque et inhérente au message inscrit dans un contexte lui assurant plus qu'une simple légitimité et d’autre part l'indifférence qui définira l'adhésion des lecteurs à ce message. Je n'ai pu m'empêcher de publier une réplique carrément méchante au concepteur et animateur de la page. Loin de m'insulter, comme cela aurait pu être le cas, l'animateur me répondit gentiment en m'invitant à participer pour changer les choses. De sa réponse, la phrase qui retint mon attention fut celle qui avait à voir avec nos dirigeants. Il s'exprima en disant que ces gens qui nous dirigent ont surtout besoin d'être dirigés. Nos échanges s'arrêtèrent là, mais je n'ai pas pu m'empêcher de réfléchir sur la problématique de ces personnages qui dans des sphères différentes tiennent le timon du pays. Bien entendu, quand l'opinion publique évoque l'aspect pseudo pathétique de nos dirigeants, le premier qui vient automatiquement à l'esprit c'est bien le chef d'état, son excellence Michel Martelly. Un ancien mauvais musicien populaire qui a très bien réussi sa carrière de chanteur de Konpa et qui a été propulsé au grand dam d'une grande partie de la population haïtienne et de l'opinion publique internationale comme président de la République. Avant son ascension à la première magistrature de l'état, des voix s'étaient levées pour inciter les gens à ne pas le voter. Ces voix carrément opposées s'appuyaient sur son passé dans le showbiz, un environnement propice à certaines déviances et pratiques douteuses mal tolérées par certaines sociétés. Dans le monde de la politique, comme dans beaucoup d'autres domaines, il n'existe pas que les cas de Michel Martelly qui définit une trajectoire atypique jusqu'à des postes de responsabilité. Et quand cette responsabilité engage la gestion d’un pays, d'une nation en difficulté, l'atypicité prend des allures pseudo catastrophe annoncée. Peut être l'importance de la responsabilité a fait de Michel Martelly une cible privilégiée inspirant des critiques souvent légères et superficielles alors qu'une sorte de cécité collective épargne de façon spectaculaire d'autres acteurs de la vie politique nationale. Depuis la fin du régime duvalieriste, le peuple a senti arrivé le moment de participer comme acteurs de la vie de leurs quartiers, de leurs villes ou de leurs pays. La situation de prohibition prônée et maintenue par les régimes dictatoriaux a donné naissance à une nouvelle vision participative qui ne tient compte ni des capacités ni des compétences. On aurait pu remonter le temps pour se retrouver face à ce slogan qui au début du dix-neuvième siècle à savoir si le pouvoir devait être détenu par les plus capables ou par le plus grand nombre. Un prêtre qui devient président reste aussi atypique qu'un artiste populaire accédant à la première magistrature de l'état. La politique reste de nos jours l'ascenseur le plus rapide et efficace pour améliorer ses conditions de vie et celles de la famille. Elle permet en plus d'atteindre un certain pouvoir. Durant l'aire postduvalerienne, aussi appelée la période du retour de la démocratie, le panorama politique du pays nous a offert sur un plateau des personnages pour le moins pathétiques dans des postes à responsabilité. Notre best-off à nous est dominé par le premier citoyen de la ville dans le chanteur Manno Charlemagne, élu Maire de la Capitale haïtienne. Après avoir fait une carrière remarquable avec ses chansons engagées revendiquant la cause des démunis, il s'est érigé en politicien de la génération JPP alors que le segment de la population pouvant constituer l'élite de la ville avait préféré de se retirer comme observateurs critiques, refusant toute participation. Lors du fameux concert de Wyclef Jean, la seule étoile haïtienne qui brillait dans le firmament du monde, le maire de Port-au-Prince jouant en lever de rideau, s'était illustré par un fameux "coulanguette manman blanc". La mémoire collective ne semble pas avoir retenu grand chose du passage de cet homme à la tête de l'édile de Port-au-Prince. Un autre maire assez pathétique restera celui qui a donc été le premier citoyen de la commune de Delmas: le maire Erilus. Les haïtiens de Delmas, une commune ou réside une bonne partie de la bourgeoisie de la ville, se rappellent encore du passage de Erilus dans leur vie. Tandis que l'attention est portée sur la présidence, d'autres personnages aussi atypiques que Michel Martelly conduisent les destins de la nation haïtienne. L'irruption, (tou swe, tou bouke) de Laurent Lamothe comme chef du gouvernement n'était ni attendue, ni prévisible. Il est clair que Michel Martelly, devenu président malgré lui, s'était au départ embarqué dans cette aventure sans équipe. Peu de gens y croyaient. Quand dans des circonstances connues, il a été "élu" pour participer au second tour, l'urgence était de former une équipe pour gouverner. Il lui fallait des fonds pour financer la campagne électorale. Laurent Lamothe, parfait inconnu du monde politique, chef d'entreprise à succès, avec des investissements surtout réalisés en dehors d'Haïti, se retrouve donc à la tête du gouvernement depuis les échecs de deux hommes choisis non retenu pour l'un et très vite chassé pour l'autre. Peu de gens se posent la question de cette mutation d’une attitude apolitique à chef du gouvernement qui se profile aujourd'hui comme futur président du pays. Le parlement aussi regorge de personnalités dont on se demande par quelles portes elles sont passées pour occuper des positions aussi cruciales pour la gestion d'un pays. C'est sans doute la qualité des parlementaires qui explique le dysfonctionnement de l'état dû à cette conception erronée ou adultérée par l'ignorance et aveuglée par l'incompétence de la fonction de législateur. Comme exemple nous pouvons citer le bruyant député autoproclamé cauchemar du pouvoir en place qui s'est caractérisé par des attitudes d'une extrême violence au cours des séances de la chambre. Nous avons pris le temps de l'écouter une fois cependant, j'avais été agréablement surpris de voir sa capacité de synthèse et d'analyse sur certains dossiers politiques. Mais quand il entreprit avec d'autres politiciens de déchouquer le gouvernement en place en utilisant des méthodes carrément antidémocratiques, il outrepassa ses prérogatives et alla jusqu'à enfreindre la loi. Ces dernières actuations remarquées furent, le lancement d’une manifestation avec une arme de guerre aux poings à quelques encablures du palais national, une grève de la faim terminée dans des conditions complètement floues coïncidant curieusement avec l'invasion spectaculaire des prisonniers de l'enceinte carcérale de la ville de la Croix des Bouquets. Depuis on en parle plus. Des rumeurs l'auraient envoyé aux Etats Unis d'Amérique avec une demande d'asile politique. La correction de cet état de fait n'est pas pour demain. Comme nous l’avions dit au début, la politique étant le tremplin le plus puissant pour accéder au pouvoir et à la richesse, avec en prime une idée de toute puissance concédée par l'immunité parlementaire revendiquée et mise en œuvre à travers le prisme adultérant de leur vision biaisée, de plus en plus de personnages pathétiques se bousculent aux portiques pour atteindre ce pouvoir dans une logique souvent éloignée de la démocratie effective. A ces gens sans s'en rendre compte, il leur aura été donné une opportunité en or d'écrire leurs propres histoires individuelles dont la compilation constituera un chapitre de l'histoire de la nation. Certains pour le faire, détiennent une feuille aux couleurs sombres voire noires pour un groupe d'entre eux. Il leur revient par leurs actions de modifier les choses et de choisir la place qu'ils voudront bien occuper dans la grande histoire de la nation haïtienne. L'histoire se fera toujours juge juste et implacable. Nous ne pouvons pas souhaiter leur échec car c'est tout le pays qui en pâtit. Le retard à combler est trop important pour continuer à perdre du temps et à passer à côté de certaines opportunités. Du point de vue individuel, ils auront toujours réussi avec leur accession au pouvoir. L'échec ne sera que collectif et surtout pour Haïti et les haïtiens. La nature aura toujours horreur du vide! Il faut surtout souhaiter qu'une nouvelle génération de gens avec des compétences s'intéressent beaucoup plus aux affaires du pays. Et acceptent avec une vision nouvelle de s’engager. Dr Jonas JOLIVERT Source: Haïti Recto Verso http://haitirectoverso.blogspot.fr/2014/11/ces-hommes-qui-nous-dirigent.html

DES "SI" DANS L'HISTOIRE...

DES "SI" DANS L'HISTOIRE...

SI LE CAPITAINE HENRI PERPIGNAN ETAIT NON FUMEUR...L'INVASION ANTI-DUVALIERISTE DE JUILLET 1958 Si le Capitaine Henri Perpignan était non fumeur….

SI on pouvait prendre les commandes du temps et avoir le pouvoir et la faculté de faire machine arrière, l’humanité aurait été encore à ce jour au point de départ. Le scepticisme, la notion de l’inachevé auraient orienté nos actes vers un inamovible point de départ. Fort heureusement alors que nous ne soyons pas maîtres de ce temps dont nous subissons les caprices et les faveurs.

Cependant, souvent nous déplorons ne pas pouvoir revenir sur notre passé, sur le passé et surtout sur certains épisodes de notre histoire, de l’histoire et de celle de nos proches. Pourtant nous vivons constamment avec notre histoire comme structure identitaire. Elle ressasse et nous plaque à la figure le sens de nos choix à un moment déterminé et dans des circonstances données.

Notre histoire n’est rien d ‘autre qu’un ensemble de petites décisions quelques fois prises dans la bonne direction. Souvent des décisions complètement erronées et ratées.

SI au lieu de sourire à ma femme j’avais seulement souri à celle qui était à côté d’elle ?...

SI j’avais tout simplement osé dire non à l’officier d’état civil, le jour de mon mariage ?...

Heureusement aussi que l’histoire ne se reconstitue pas en tenant compte des « SI ». Sauf ce qui concerne le nez de Cléopâtre. Car il est évident que si le nez de Cléopâtre eut été moins long….

Mais il est tout de même rageant de voir des pans d’histoires mal tourner à cause d’un détail insignifiant non indispensable. Si insignifiant qu’ils ne sont même pas envisagés au cours de la planification.

Fumeur ou non fumeur…That’s the point !

La lutte sans concession pour le pouvoir en Haïti a maintenu une instabilité politique de plus de 150 ans ponctuée par la première occupation américaine de 1915. Pendant près de 20 ans la gestion du pays a été assurée par les américains tenant les ficelles d’un certain nombre de président-marionnettes qui ont pu terminer leurs mandats présidentiels.

Après l’occupation américaine, Haïti a connu deux gouvernements dirigés par les deux meilleurs présidents de l’histoire : Dumarsais Estimé et Paul Eugène Magloire.

Cependant eux-aussi, ils sont sortis pas la petite porte de l’exile quand ils ont voulu à tout prix conserver ce pouvoir.

Après 1956, le pays était redevenu ingouvernable comme il l’avait été avant l’occupation de 1915. Les intérêts politiques étaient si divergents que les intérêts nationaux s’y trouvaient enfouis dans les dédales de l’obscurantisme partisan aveugle dont la seule cible était le fauteuil présidentiel.

L’armée d’Haïti, la bourgeoisie haïtienne, la classe politique se refusèrent de trouver une entente pour une politique orientée vers le bien être du peuple.

Après la survenue d’évènements les uns les plus invraisemblables que les autres, un concours de circonstances historiques conduisirent le Docteur François Duvalier à la Présidence de la République en 1957. Un autre président de plus. Un président conjoncturel qui ne devrait pas faire long feu à l’instar du populaire Daniel Fignolé pris au piège et chassé du pouvoir après deux semaines.

L’aventure de François Duvalier avait été conçue avec prologue et épilogue. Une sorte de chronique d’une mort annoncée.

Cependant, quand quinze ans plus tard, son fils-successeur Jean-Claude Duvalier disait dans un discours : « mon père a gagné la bataille politique », il avait certainement raison. En effet, pour garder le pouvoir pendant 14 ans, il a fallu se battre sérieusement et vaincre tous les obstacles. Il avait su démanteler puis asservir les forces armées ; décapiter puis réduire au silence l’opposition ; amadouer le peuple en le faisant croire qu’il était le pilier de sa révolution.

Ce ne fut pas sans heurt car les adversaires étaient aussi déterminés à le chasser du pouvoir que lui il était disposé à s’y accrocher.

Une des premières grandes et sérieuses épreuves qu’il a dues affronter reste la première invasion du 28 juillet 1958.

En effet, dans la nuit du 28 au 29 juillet 1958, moins d’un an après l’accession au pouvoir de François Duvalier, un groupe de huit hommes armés, à bord d’un yatch 55 pieds de long, Mollie C, débarquèrent à Délugé près de Montruis. Les huit hommes sont identifiés comme le Capitaine Alix Pasquet, les Lieutenants Henri Perpignan et Philippe (Fito) Dominique, donc des anciens officiers de l'Armée d’Haïti ; Arthur Payne, Dany Jones, Levant Kersten, Robert F. Hickey, Joe D. Walker, de nationalité américaine. Ils avaient embarqué à Miami.


Un habitant de Délugé, ayant observé le débarquement des armes lourdes ont vite fait d’avertir le chef-section qui à son tour ne tarda pas à alerter le post militaire de Saint Marc. Une patrouille militaire de trois soldats est donc envoyée sous le commandement du Lieutenant Léveillé. Il y eut une escarmouche entre les envahisseurs et la patrouille militaire. L’escarmouche devint combat. Les militaires réguliers y compris le lieutenant Léveillé sont tués et du côté des envahisseurs, Arthur Payne reçu une balle à la cuisse.


Les envahisseurs s’emparent du véhicule militaire marque Jeep, y chargent leurs armes et prennent la route vers Port-au-Prince. Sur le trajet, le véhicule tombe en panne. Puisque les anciens militaires, membres de l’invasion portaient les uniformes réguliers de l’armée, ils n’eurent pas beaucoup de difficulté à se procurer une camionnette tap-tap de couleur bleue.

Au milieu des décorations artistiques caractéristiques de ce genre de véhicule de transport, on lisait sur un écriteau posé en haut et en avant « Ma douce Clairmène » et de chaque côté « an depi de tou se bondye ki sel mèt ». Le conducteur du véhicule se croyant en présence des membres de la toute puissante armée haïtienne n’hésita point à aider à charger les armes et à les engouffrer à l’intérieur du tap-tap.


Les huit hommes atteignirent donc Port-au-Prince vers minuit. Philippe Dominique conduisait le véhicule avec, assis à ses côtés, Alix Pasquet.

Arrivé devant le portail des Casernes Dessalines, Alix Pasquet dit au soldat en poste qu’il vient d’écrouer quelques citoyens blancs pour le compte du gouvernement. Le portail s’ouvrit sans heurt et les envahisseurs occupent sans résistance les locaux des Casernes Dessalines.

Ils tuent le soldat posté en sentinelle, le colonel Champagne constant officier de garde. Le capitaine Pierre Olly, en tournée d’inspection dans les locaux des Casernes put fuir avec une fracture du bras. Il a été conduit pour des soins à l’hôpital militaire. Choqué et paniqué, l’officier ne sut pas dire l’effectif des mercenaires ayant occupé les enceintes militaires. Un sergent, ordonnance du capitaine Olly a été cependant tué ainsi que le Caporal Bovil. Un autre officier, un médecin Docteur Edouard sera retrouvé mort dans les salles de bains des casernes à la fin des affrontements.

Pasquet et son groupe attaquèrent le Palais National et les Casernes Dessalines en même temps. Les anciens officiers haïtiens connaissaient bien les lieux y ayant été cantonnés.


Cependant, une fois en possession des Casernes Dessalines les envahisseurs pourront constater que François Duvalier avait fait transférer l’ensemble de l’arsenal qu’il avait fait placer sous sa surveillance et son contrôle dans les sous sols du Palais national. François Duvalier avait compris l’importance des Casernes Dessalines dans la planification des coups militaires qui ont jalonné l’histoire récente du pays.

Le Capitaine Pasquet essuie un deuxième revers stratégique quand il se mit à appeler ces aniciens camarades, des militaires actifs et d’anciens militaires pour se joindre à lui et que personne n’accepta de l’aider.

L’histoire raconte qu’il appela François Duvalier par téléphone et lui demanda de se venir se rendre avec un drapeau blanc en main dans les locaux des Casernes. Ce dernier lui aurait répondu :

- Si vous avez des couilles, venez vous présenter devant moi à la rue des Casernes !

En ce moment, Duvalier ignore tout de l’invasion, les nouvelles parlent de trois cents soldats et mercenaires venant de Miami, ayant déjà occupé les Casernes Dessalines, la garnison militaire la plus importante du pays et située a quelques mètres du Palais national.

Le président pris lui-même les commandes de l’opération. Il fait conduire ses enfants Jean Claude et Simone chez le colonel Merceron puis chez le Capitaine Claude Raymond. La petite histoire rapporte que, devant tant d’incertitude, le Président François Duvalier avait pris la décision de partir …

Au prime abord, le Président Duvalier ne savait pas à qui il avait affaire et combien était le nombre des agresseurs. Ainsi il se revêtit d'un uniforme de soldat et s'apprêtait à fuir. Mais, Le lieutenant Henri Perpignan eut envie de fumer. Il envoya donc un soldat lui acheter deux paquets de cigarettes marque SPLENDIDES.

Grosse erreur !...Énorme connerie !

Le soldat est capturé. Certains disent qu’il s’est rendu lui-même. Il est amené à Monsieur LUCIEN CHAUVET, sous secrétaire d’état de l’intérieur et de la défense nationale. Interrogé, le soldat dira que les envahisseurs n’étaient pas plus nombreux que huit. Personne ne voulut le croire.

Pendant les échanges de tirs entre les Casernes Dessalines et l’artillerie du Palais national, le Colonel Louis Roumain put abandonner les Casernes en sautant par une fenêtre et fuir. C’est lui qui confirmera par la suite les propos du soldat.

François Duvalier ordonna donc une attaque massive contre les Casernes Dessalines et vers neuf heures du matin, les forces régulières reprirent le contrôle de la situation.


Tous les agresseurs seront maîtrisés et tués. Les forces régulières retrouvèrent dans les locaux des Casernes les cadavres d’Alix Pasquet avec le crâne ouvert baignant dans la matière cérébrale éparpillée, Philippe Dominique, Dany Jones et Joe Walker criblés de balles.

Arthur Payne, blessé lors de l’escarmouche de Délugé se rendit, enveloppé dans un matelas, s’identifiant comme un journaliste. Il sera exécuté sans pitié.

Henri Perpignan et Robert Hickey réussirent s’échapper des Casernes. Ce dernier sera identifié par les soldats réguliers qui l’exécuteront d’une balle à la tête. Henri Perpignan se dirigea vers une maison proche des casernes et demandera au gérant de lui permettre de se cacher dans un poulailler. Le gérant entendit le vacarme de la foule à la recherche de l’agresseur. Celui-ci prit de panique s’apprêtait à partir quand Perpignan fit feu et le tua.

Attiré par les coups de feu la foule se précipita sur Perpignan et le tua à coups de couteau. Son cadavre, dépouillé de ses vêtements sera traîné par la foule en folie et en furie jusqu’au palais national.

Levant Kersten, le dernier des envahisseurs américain, réussira à sortir des locaux des Casernes mais subira le même sort que le lieutenant Henri Perpignan.

Ainsi s’acheva l’épopée d’un groupe d’hommes qui avaient pensé pouvoir épargner Haïti et les haïtiens des trente ans de dictature des Duvalier.

En histoire, il n’y a pas de "SI".

Cependant on peut quand même imaginer que si Henri Perpignan eut été non fumeur et pouvait se passer des cigarettes SPLENDIDES, l’invasion de juillet 1958 aurait pu chasser François Duvalier du pouvoir et on aurait hérité ni de Jean-Claude Duvalier, ni des tontons makout, ni de Aristide, ni des chimères, ni de Préval I, ni de Aristide II ni de Préval…LE PAYS AURAIT PU ETRE…DIFFERENT…

Auteur : Docteur Jonas Jolivert Juillet 2009

(Référence: Jean Julien in ISTWA PEYI DAYITI..Vol 11 contact jnjull1@aol.com) - See more at: http://haitirectoverso.blogspot.fr/2009/07/si-dans-lhistoiresi-le-capitaine-henri.html#sthash.QpiuS9K0.dpuf

LES EXPULSES DE LA REPUBLIQUE DOMINICAINE ENTRE PENURIES ET INDIFFERENCE

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MOI BLOGGUEUR

MOI BLOGGUEUR

Je pourrai, si ça me dit, célébrer l’année prochaine mon dixième anniversaire comme bloggueur. Bref ! Une drôle de façon de dire que j’alimente un blog depuis près de dix ans. Peut-être, le phénomène n’était pas aussi à la mode et facebook n’avait pas encore sa notoriété d’aujourd’hui. Sans doute avec l’ouverture de cette grande fenêtre qui est le réseau social, j’aurais pu faire passer mon message sans avoir à recourir à cette fonction de Google. En fait je m’intéresse depuis bien longtemps à ce qui se passe en Haïti. J’avais vraiment l’impression que j’avais des choses à dire, des choses à corriger que ce soit dans des formes d’expressions que ce soit dans la conception d’une réalité ou dans son interprétation. Des raisons et des sujets ne manquaient pas. Ce qui faisait c’était un auditoire ou des lecteurs. Depuis le départ de Jean-Claude Duvalier en 1986, il y a eu tellement d’évènements et de non-évènements en Haïti que l’on peut comprendre très aisément pourquoi on pouvait ressentir la nécessité de s’exprimer. Mon entrainement en neurochirurgie à Marseille, avec plus de six choix consécutifs dans le service du Professeur GRISOLI à la Timone m’a complètement enlevé le temps de penser aux problèmes du pays et de la société haïtienne. Je me suis retrouvé en Haïti pour l’action en faisant omission des discours vains et trop idéalistes. Mais mon coup d’essai ne se transforma pas en coup de maître et j’ai dû plier bagage pour revenir à Marseille. En 2005, après l’échec historique et le départ de Jean Bertrand Aristide, j’ai découvert le site par excellence pour discuter tramer et proposer des solutions pour Haïti : Moun.com ! Objectivité, pugnacité, vision…égayaient les échanges menés par Dilibon, Bagaydrôle, Dekabess, Blecleroc, Dezagreman, Elise, Castille, Excalibur et bien d’autres avec des noms moins suggestifs. Les débats furent d’un très grand niveau. Les discussions très animées ouvrant sur des pistes de solution. A un moment de la durée, nous sentîmes le besoin d’agir ; l’urgence de passer de la parole aux actes. Nous bannîmes l’anonymat et insérons la relation entre les membres dans une autre dimension. Toutes les tentatives d’une rencontre en personne furent vaines. Et comme nos débats restèrent trop dans la théorie et nous finîmes par nous éloigner du forum. Mais mon grand problème avec les fora de discussion c’est souvent le choix des sujets traités avec popularité. Souvent il y a des interventions englobant certaines thématiques qui ont la bénédiction des participants. Tandis que d’autres jugés pertinent par son auteur est traité avec une certaine indifférence. Entre temps, Haïti vit sous le joug et les bottes d’une puissance étrangère. Une force de maintien de paix dans un pays qui n’est en guerre contre personne. Une force composée des membres des armées de pays de l’Amérique hispano parlante. Tout de suite sur les blogs parlants espagnol, on parle aussi d’Haïti. On y lit tout et n’importe quoi. Haïti devient le paradis pour les adoptants entre autres étiquettes peu glorieuses. La conjonction de ces faits-là m’ont carrément poussé à créer mon propre organe d’expression. Un espace lu par peu ou pas du tout, peu importe. Mais un espace ou je pourrais vraiment choisir mes sujets et dire sans ambages ce que je pense. Donc je suis devenu bloggueur pour parler d’Haïti sur toutes ces coutures. A l’envers et à l’endroit. HAITI RECTO VERSO.

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