LA VIE SELON SDBC | dr-jonas-jolivert-1
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Assez souvent, je me dis que la vie est un ensemble de lignes, de traits, de formes, de courbes, de schémas. Dans le meilleur des cas, à l’équilibre, ces schémas parviennent à s’imbriquer les uns aux autres, à se coordonner, à se juxtaposer pour créer du sens, une histoire, un récit, un vécu, des souvenirs, une illusion.

Il arrive aussi, dans des cas moins fréquents, mais de plus en plus observables, que ces lignes de vie parallèles s’entrechoquent, se heurtent les uns aux points de rupture des autres, qu’ils arrivent à côtoyer les fragments de chaos intrinsèques à chacune des trajectoires possibles de leurs lignes semblables. Le choc produit en ces instants relève de l’ « extraordinaireté » de l’être et révèle, par un hasard étonnamment ordonné, le caractère spectaculaire de la cacophonie créatrice de réalités.

Les cellules de vie, interconnectées et liées les unes aux autres par ce qu’elles ont chacune d’unique, finissent toujours par se trouver, de la manière la plus efficace qu’il leur est possible d’accoucher du sens qu’elles renferment. L’harmonie et la symbiose ne sont que poussières face à la multitude des possibles. Le mythe du long fleuve tranquille demeure un chat qu’il ne faut surtout pas déranger car c’est l’image la plus apaisante que l’esprit puisse trouver, lorsqu’il se trouve confronté à ses propres contradictions, à l’échec des connexions qu’il tente d’établir, à la dissipation de l’illusion.

La violence et l’antipathie sont, à ce titre, des occurrences dont il ne faut pas sous-estimer les fondements, tant ceux-ci sont terriblement proches des mêmes qui motivent la recherche d’harmonie et de paix. Elles sont des modes de pensées aux allures archaïques, profondément ancrés dans une évolution qui s’est tordue sur elle-même. Et pour cause, le concept réducteur de « sauvage » fait, en fait, référence à une ligne de vie marginale, marginalisée ou rebelle - selon le point de vue - qui ose donner tort au chant assourdissant des vertus de l’évolution, cadeau scientifique ultime consacrant la toute puissance de l’«homme-sachant-pensant-vivant-en-société ».

En parlant de société … J’ai comme en tête l’image d’une jungle ordonnée, autocratique, où la raison du plus fort demeure la meilleure, où les forts sont plus forts, et les faibles de plus en plus nombreux. Mais laissons de côté ce parti-pris un peu trop engagé pour le sujet dont il est question. Car, à vrai dire, il est question d’une simple étincelle de vie perdue dans l’immensément grand, qui n’aspire qu’à se connecter aux lignes de vies les plus proches de son point d’équilibre, pour qu’enfin disparaissent les formes et les schémas, et qu’apparaissent les visages, les regards, les rires et fous-rires.

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