EN ATTENDANT NEOT
Qu’il est bien loin ce temps où l’on se croyait concerné par ce qu’il se passait dans ce monde dont on se sentait bondé de cette puissante légitimité qui poussait à exclamer haut et fort que l’on était fier d’être citoyen de ce monde.
On le trouvait parfois drôle, souvent cruel et toujours injuste. On arrivait à se convaincre que pourtant tout y était prévu pour le bonheur de tous :
- la rosée du matin perlant un rhododendron d’un vert apaisant
- une vague qui s'épuise en écume et murmures sur du sable blanc et fin
- un clair de lune resplendissant une nuit étoilée
- un coucher de soleil de printemps sur les tropiques
- … Cependant il suffit de sortir de ce rêve pour se retrouver pieds et mains liés, les yeux écarquillés de l’incertitude et de l’incompréhension nous extirpant avec violence de notre contemplation candide.
Le monde est en effet ébullition et chaos capables de broyer idées et volontés.
Et submergé dans sa structure labyrinthique et pyramidale on prend conscience de son rôle d’acteur vecteur de changement.
Les appels viennent de partout. De la gauche comme de la droite des flèches de plus en plus acérées invitent à l’engagement car on a tous une partition à jouer. Avec le temps et la réalité des moyens devant cet imposant obstacle on essaie tout. On est prêcheur de bonnes nouvelles puis révolutionnaire théoricien sans moyen, radical supportant toute une gamme de préfixes.
Un jour on fait le constat amer d’avoir lâché prise. Et que l’on a perdu ses cheveux comme on a perdu l’envie et le désir de changement. Nos causes dans leurs diversités se rangent avec nos armes et nos bâtons de pèlerins là où l’on range regrets et remords et trophées insignifiants.
Le temps se fait promontoire de recul, l’âge belvédère pour observer s’agiter avec une fougue scintillant le regard ceux qui auront notre âge dans trente ans et qui brandissent l’étendard des causes qui se sont brisées en éclat devant la toute puissance du monde.
Ainsi va la vie et les gens avec …
Doc JOPI 2/08/2016